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Le mouvement Emmaüs publie de nouveaux témoignages contre l’abbé Pierre, relatant des viols et l’agression sexuelle d’une enfant
2024-09-07 lemonde.fr HaiPress
L’abbé Pierre,dans son monastère de Normandie,en 1996. FRANÇOIS LOCHON / GAMMA Le premier rapport évoquant des agressions sexuelles commises par l’abbé Pierre,publié le 17 juillet,avait connu un énorme retentissement. Il en ira probablement de même pour la nouvelle note publiée par le mouvement Emmaüs (Emmaüs International,Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre),vendredi 6 septembre. Les témoignages sont cette fois plus nombreux,et couvrent une période longue de plus de cinquante ans. Parmi eux,plusieurs « font état de faits graves d’une autre nature » que ceux précédemment décrits,prévient le document de vingt-six pages.
Ces révélations résultent d’un appel à témoignages ouvert le 17 juillet,quand le mouvement,« bouleversé »,avait rendu public le résultat d’une enquête interne,confiée à un cabinet indépendant,le groupe Egaé. Sept témoignages y figuraient,dont celui de A.,fille d’un couple d’amis de l’abbé Pierre. C’est elle qui,en 2023,avait pris contact pour témoigner d’agressions qui l’avaient visée à partir de 1980,quand elle avait de 16 à 17 ans. Elle et d’autres femmes,pour la plupart salariées ou bénévoles d’une structure d’Emmaüs,faisaient état d’avances souvent insistantes et répétées,ainsi que de contacts physiques non sollicités : attouchements sur leurs seins,baiser forcé. Les faits s’étaient déroulés de la fin des années 1970 jusqu’en 2005.
Ce nouveau rapport,lui aussi réalisé par le groupe Egaé,présente dix-sept témoignages. Les plus récents se sont produits deux ans seulement avant la mort de l’abbé Pierre,en 2007,à l’âge de 94 ans. Les plus anciens remontent au début des années 1950,quand l’abbé Pierre,ancien résistant devenu député,commençait à se faire connaître pour son engagement contre le mal-logement,la pauvreté et l’exclusion. La plupart des accusations ressemblent à celles publiées en juillet. Mais d’autres faits rapportés se distinguent par leurs victimes – des femmes en situation de détresse matérielle qui avaient sollicité l’aide du religieux,mais aussi des mineures,dont l’une n’était âgée que de 8 à 9 ans –,et leur nature.
Vulnérabilité économique
Une femme entendue par Egaé a indiqué que sa mère,décédée il y a quelques années,avait été forcée à plusieurs reprises par l’abbé Pierre de pratiquer des fellations – c’est-à-dire des pénétrations buccales que la justice caractériserait de viol. J.,selon l’initiale choisie par Egaé,avait aussi dû assister à des masturbations du prêtre,et celui-ci « l’aurait également fouettée ou se fouettait devant elle avec une ceinture. Il aurait évoqué le souhait d’avoir des rapports sexuels avec elle et une autre femme »,poursuit la note. J. avait évoqué ces faits,datant de 1989,dans un courrier adressé en 2019 à la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase). Des chercheurs de la Ciase en ont brièvement fait état dans une tribune publiée le 20 juillet par Le Monde,et sa fille les a détaillés au journal Libération,le 25 août,expliquant que sa mère,divorcée d’un mari violent et rejetée par sa famille,connaissait alors une « très grande détresse » .Il vous reste 68.01% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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