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La dette des pays pauvres atteint un record
2024-12-04 HaiPress
Le monde peut enfin mettre un chiffre sur le fardeau de la dette qui étouffe les pays en développement. Celui-ci est astronomique. Ces derniers ont en effet dépensé 1 400 milliards de dollars (1 332 milliards d’euros),pour rembourser leur dette extérieure sur la seule année 2023,selon un rapport publié mardi 3 décembre par la Banque mondiale. Les intérêts représentent,à eux seuls,406 milliards de dollars,un niveau record depuis vingt ans.
Dans le détail des pays concernés,l’institution sise à Washington précise que les plus touchés sont les « pays les plus pauvres et vulnérables »,ceux-là mêmes qui sont bénéficiaires du fonds de l’Association internationale de développement,dont la conférence des donateurs s’ouvre à Séoul,en Corée du Sud,jeudi 5 décembre. Coïncidence troublante,ces pays ont dépensé 96,2 milliards de dollars,en 2023,pour rembourser leurs dettes extérieures,soit un montant proche de celui versé par la Banque mondiale,sous forme de dons et de prêts à taux réduit,lors des trois dernières années.
Ces remboursements profitent surtout aux créanciers privés. Depuis 2022,ces derniers ont retiré des économies des pays à faible revenu 13 milliards de dollars de plus qu’ils ne leur ont prêté,alors que,sur la même période,les banques multilatérales de développement y ont injecté 51 milliards de dollars de plus que ce qu’elles ont perçu avec le remboursement de leurs prêts à taux réduit.
Un « système de financement dysfonctionnel »
Ce qui fait dire à la Banque mondiale qu’elle est devenue une « bouée de sauvetage » pour ces pays désertés par les créanciers privés. « A l’exception des fonds de la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales,l’argent sort des économies pauvres alors qu’il devrait y entrer »,se désole Indermit Gill,chef économiste de la Banque mondiale. Celui-ci va même plus loin en dénonçant un « système de financement dysfonctionnel »,dans lequel les banques de développement colmatent les brèches en devenant des « prêteurs de dernier ressort ». « Une fonction pour laquelle elles n’ont pas été conçues »,regrette-t-il. De fait,la mission des banques multilatérales consiste à financer le développement des pays pauvres plutôt qu’à les aider à rembourser les créanciers privés pour les sauver du défaut de paiement.La Banque mondiale attribue l’origine de cette crise de la dette à la pandémie de Covid-19,qui a privé les Etats de recettes fiscales pendant les confinements,tout en les poussant à creuser leurs déficits pour venir en aide aux populations frappées par la crise. Là encore,ce sont les pays pauvres qui ont le plus souffert : leurs dettes extérieures ont bondi de 18 %,entre 2020 et 2023,pour atteindre les 1 100 milliards de dollars.
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