03-12
« Il y a une ambiguïté entre la diplomatie du pape François, en un sens proche de celle de Trump, et celle du Vatican, plus traditionnelle »
2025-03-10
HaiPress
François Mabille est chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux. Dans son dernier ouvrage,Le Vatican. La papauté face à un monde en crise (Eyrolles,216 pages,20 euros),il analyse le rôle et l’influence du Saint-Siège dans les relations internationales.
En ces temps de bouleversements géopolitiques sur fond de guerre en Ukraine,le pape François,hospitalisé,ne peut pas faire entendre sa voix… L’Eglise a-t-elle néanmoins un message à adresser au monde ?
Dans la vision traditionnelle de l’Eglise,nous ne formons qu’une seule humanité,peu importent les frontières. Depuis la seconde guerre mondiale,le Saint-Siège défend ainsi avec insistance le multilatéralisme et les organisations internationales,onusiennes et autres. Et sur le dossier ukrainien,le Vatican ne reste pas inactif malgré l’hospitalisation de François.Mgr Paul Gallagher,le secrétaire des relations avec les Etats [ministre des affaires étrangères du Saint-Siège],a ainsi eu deux récentes prises de parole assez fortes : dans la revue America du 28 février et dans une allocution à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE),le 25 février,il a répété que le Vatican était partisan d’une paix juste et durable,fondée sur le droit international.
Or,ce n’est pas tout à fait ce qu’a pu dire le pape François par le passé. Lorsqu’il demande,en mars 2024,d’avoir « le courage de hisser le drapeau blanc »,François vise les Ukrainiens et ne se tourne pas vers les Russes en leur disant que c’est à eux d’arrêter l’invasion,ni vers les instances internationales.
On est-là devant une ambiguïté de la diplomatie du Saint-Siège,où il faut dissocier la diplomatie du pape,fondée sur des interventions médiatiques et un appel à la paix coûte que coûte,sans tenir compte des exigences du droit international et sans condamner l’agresseur – une diplomatie,en ce sens,proche de celle de Donald Trump –,de celle de la curie [gouvernement de l’Eglise],qui est beaucoup plus traditionnelle.
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